Bohier, Thomas

Médaille de Thomas Bohier, anonyme, 1503, bronze, ø 6,4 cm, Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques, collection Armand-Valton 2020, AV 2020.
Crédits : Photo © Bnf, service reproduction

Issu d’une famille de marchands originaire d’Issoire, Thomas Bohier commença à servir la couronne dans les années 1480. En 1482, il fut valet de chambre surnuméraire du roi [Chevalier, 2006, p. 212]. Sa carrière ne prit véritablement son essor que sous le règne de Charles VIII pour qui il occupa la fonction de notaire et secrétaire du roi en 1489 [Chevalier, 2006, p. 213]. Son mariage en secondes noces avec Catherine Briçonnet, fille de Guillaume Briçonnet et de Raoulette de Beaune, vers 1491, assit son influence [Jouanna, 2001, p. 641]. Cette même année, il obtint la charge de receveur général de Bretagne, avant de devenir général des finances de Normandie trois ans plus tard [Renumar, 30 novembre 1509], ce qui en fait un des personnages les plus importants de l’État.

Il joua un rôle considérable dans les guerres d’Italie en tant que surintendant des finances royales en Milanais en 1511-1512  [Jouanna, 2001, p. 641]. À cet égard, il fit plusieurs voyages dans la péninsule italienne. Il y trouva la mort le 24 mars 1524 à Vigevano, ce qui lui épargna d’être inquiété par la commission de la Tour Carrée alors chargée d’éplucher tous les comptes des financiers du royaume [Chevalier, 2006, p. 221].

Bien que peu présent à Tours en raison de ses charges royales et de ses nombreuses missions en Italie, Thomas resta l’un des membres les plus influents de la société tourangelle avec Jacques de Beaune et Pierre Briçonnet. Élu maire de Tours en 1497, il ne put remplir pleinement ses fonctions et fut remplacé par Jean Saintier, ancien maire et échevin de la ville. Il prêta beaucoup d’argent à la cité notamment lors de l’entrée de Louis XII en 1500 où il déboursa 200 écus. Il fut d’ailleurs l’un des porteurs du Dais du roi à cette occasion [Chevalier, 2006, p. 215].

Sa famille, en la personne de son frère Henri, finança la fontaine installée sur la place Saint-Hilaire et réalisée entre 1510 et 1514. Quelques années plus tard, en 1520, Thomas obtint l’autorisation de détourner une partie de l’eau de la fontaine jusqu’à son hôtel [Domec, 1987, p. 795]. S’il est davantage connu seigneur de Chenonceau, le général se fit bâtir un vaste palais urbain de près de 4000 m² dans la rue de La Scellerie (actuelle rue des Halles), à proximité de la rue Traversaine (aujourd’hui rue Nationale) [Chevalier, 2006, p. 214-215]. De cet hôtel, entièrement disparu, demeurait une magnifique cheminée de style Renaissance qui est aujourd’hui disposée dans le château du Plessis-lès-Tours.

Comme les grands notables de la paroisse Saint-Saturnin où il résidait, il se fit construire une chapelle privative dans l’église paroissiale qu’il pouvait rejoindre directement de son hôtel par un accès privatif [Bosseboeuf, 1899, p. 199]. Selon Bernard Chevalier, la chapelle avoisinait les 120 m² [Chevalier, 2006, p. 215]. Il y fut inhumé à sa mort avec son épouse. La réalisation de son tombeau aurait, selon la traduction, été confiée à la famille des Justes [Giraudet, 1885, p. 230]. Leur chapelle comprenait également plusieurs vitraux, dont vitraux, sont peut-être conservés aujourd’hui dans l’église Notre-Dame-la-Riche de Tours, et représentent saint Thomas et sainte Catherine [Droguet et Réau, 1993, p. 36].

 

Bibliographie

Bosseboeuf Louis, « Les maisons historiques de Tours. L’hôtel Bohier ou de La Falluère », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 12, 1899, p. 195-208.
Chevalier Bernard, « Nouveaux regards sur Thomas Bohier (v. 1460-1524), général des finances et seigneur de Chenonceaux », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 52, 2006, p. 211-222.
Domec Pierre, « Les six fontaines Renaissance de Tours », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 41, 1987, p. 783-804.
Droguet Vincent, Réau Marie-Thérèse, Tour, décor et mobilier, Orléans, Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, 1993.
Giraudet Eugène, Les artistes tourangeaux, architectes, armuriers, brodeurs, émailleurs, graveurs, orfèvres, peintres, sculpteurs, tapissiers de haute lisse, notes et documents inédits, Tours, Impr. de Rouillé-Ladevèze, 1885.
Jouanna Arlette, Hamon Philippe, Biloghi Dominique et Le Thiec Guy, La France de la Renaissance. Histoire et dictionnaire, Paris, Bouquins Éditions, 2001.


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