Beaune, Jacques de

Dates :

Vers 1455-1527

Profession principale :

Né vers 1455, à Tours, il est le fils de Jeanne Binet et de Jean de Beaune, argentier du roi et maire de Tours en 1471.

À la mort de son père, en 1480, il hérite de son affaire. Il se retrouve alors associé à la boutique de l’argenterie désormais tenue par Jean Briçonnet dit « patron » et Jean Quétier [Chevalier, 1983, p. 165]. Quelques années plus tard, vers 1487, Jacques est devenu le seul maître de l’argenterie au côté de Jean de Ponchier. Après 4 ans à la tête de la boutique, il se détourne du commerce pour mettre ses compétences au service des finances royales [Chevalier, 1983, p. 187-188]. Son accession est fulgurante. Trésorier général d’Anne de Bretagne en 1491, puis général des finances du Languedoc de 1495 à 1516, ses fonctions lui permettent de se rapprocher de Louise de Savoie qui lui confie la gestion de sa fortune personnelle. Signe de sa faveur, elle lui offre, en 1515, la baronnie de Semblançay. Trois ans plus tard, elle lui donne l’hôtel de Dunois pour agrandir sa demeure de Tours [Spont, 1895, p. 146]. Celle-ci est alors établie en fief. Il est ensuite fait bailli et gouverneur de Touraine l’année suivante avant d’être nommé à la « surintendance » des finances en 1518 par François Ier.

 

Disgrâce et exécution 

Avec les années 1520 viennent les premiers reproches. L’ensemble du système financier du royaume est remis en cause quand les gens de finance, et Jacques de Beaune en tête, peinent à fournir au roi les sommes considérables qu’il demande pour financer les campagnes militaires italiennes.

À partir de 1522-1523, sa situation devient de plus en plus critique. Louise de Savoie lui réclame l’argent qu’elle lui avait demandé d’investir dans les guerres du roi. Dans l’incapacité de lui fournir cet argent, qui appartient à la couronne, Louise l’accuse de détournement des fonds qu’elle destinait à son fils. S’il est reconnu innocent et largement créancier de la couronne, de nouvelles accusations de malversation surviennent en 1526. Arrêté le 13 juillet 1527 à Paris, il est enfermé à la Bastille. À la suite de son procès [Hamon, 2011], il est exécuté par pendaison le 12 août 1527 à Montfaucon. La nouvelle de son exécution fut suffisamment retentissante pour que le notaire tourangeau Martin Jaloignes l’inscrive dans ses minutes [AD 37, 3E1/9, 12 août 1527].

 

Implication dans la vie locale

Bien que sa carrière le place au service direct de la famille royale, Jacques de Beaune n’en garde pas moins des liens forts avec la ville de Tours. En parallèle de ses fonctions d’État, il reste impliqué dans la vie locale. Maire en 1498-1499 puis échevin jusqu’en 1518, il est l’un des hommes les plus influents de la cité  [Spont, 1895, p. 103]. La ville ne s’y trompe pas et lorsqu’elle a besoin de liquidité, c’est vers lui qu’elle se tourne à plusieurs reprises entre 1496 et 1517 [Spont, 1895, p. 102-103].

 

Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, XIXe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Crédits : Numérisation © CESR/Tours / Hélène Quille

 

Son évergétisme se manifeste également par sa participation au financement de plusieurs projets d’urbanisme au sein de la cité. Commissaire pour la distribution des eaux de Saint-Avertin, il fait édifier, en 1511, devant son hôtel particulier, une fontaine publique dont il fournit le marbre blanc de Gênes nécessaire à sa réalisation [Spont, 1895, p. 104]. Plus tard, en 1519, lorsque Tours est en proie à la peste, il fait don de 1500 livres pour la construction d’un sanitas en dehors de la ville [Hamon, 2011].

Sa proximité avec le roi lui permet de jouer le rôle d’intermédiaire pour la ville. En 1523 notamment, quand Tours doit fournir 100 hommes de pieds, elle sollicite le surintendant pour être exemptée du troisième quartier à fournir [Spont, 1895, p. 194].

 

Bâtisseur et mécène des arts

Faisant profiter sa cité de sa richesse et de son influence, il marque la ville de son empreinte et assure la promotion des artistes tourangeaux. Pour ornementer sa chapelle privative dédiée à Notre-Dame-de-Pitié dans l’église Saint-Saturnin, De Beaune fait réaliser une fresque le représentant en prière avec sa femme et ses enfants et un tombeau. Détruites en 1805, nous n’avons que peu d’informations sur ces œuvres.

Après avoir acquis la seigneurie de La Carte-Persillère à Ballan-Miré, il confie à Jean Poyer la réalisation de vitraux de la Nativité et de l’Adoration des mages pour la chapelle du château et d’un vitrail avec saint Jean l’Évangéliste pour l’église de Ballan. Toujours pour agrémenter sa propriété, il commande à Michel Colombe une Vierge à l’Enfant [Tours 1500].

 

Hôtel de Beaune-Semblançay
Crédits : Photo © Léa Dupuis

 

À partir de 1506, il commence la vaste entreprise de construction de son hôtel particulier dans la paroisse Saint-Saturnin à Tours. Une dizaine d’années plus tard, c’est un véritable « palais urbain » qu’il est possible d’admirer à l’angle de la Grand-Rue (rue Colbert) et de la rue Traversaine (rue Nationale), dans un des quartiers les plus riches de la ville [Spont, 1895, p. 106].

 

Le martyre de saint Saturnin, André Polastron (d’après), v. 1527, tapisserie en laine et soie, 260 x 315 cm, Angers, Château d’Angers – ANG2005000033.
Crédits : © Bernard Renoux / Centre des monuments nationaux

 

Dans les années 1520, il fait réaliser un cycle de tapisseries représentant 8 pièces ou scènes de la vie de Saint-Saturnin, d’après les cartons du peintre André Polastron. Destinée à l’église paroissiale Saint-Saturnin de Tours, cette tenture est achevée en 1527. Saisie, avec l’ensemble des biens du surintendant au moment de sa disgrâce, elle n’est restituée à l’église qu’en 1534 [Spont, 1895, p. 273].

 

Bibliographie

Chevalier Bernard, Tours ville royale, 1356-1520, Chambray, C.L.D., 1983.
« Semblançay et la surintendance des finances », dans Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, Vol. 18, N°2 (1881), p. 225-261.
Hamon Philippe, « Semblançay, homme de finances et de Conseil (v. 1455-1527) », dans Michon Cédric (dir.), Les conseillers de François Ier, Rennes, PUR, 2011.
Spont Alfred, Semblançay (?-1527). La bourgeoisie financière au début du XVIe siècle, Paris, Hachette et Cie, 1895.


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