Le vitrail de la Vierge et l’Enfant en gloire, dont la provenance demeure inconnue, est entré dans les collections du musée des Beaux-Arts de Tours en 1844. Il avait été complété par l’atelier Lobin d’une bordure à grotesques et médaillons à l’antique, élaborée dans le goût Renaissance.
Le vitrail présente Marie, voilée, nimbée et couronnée, portant l’Enfant nu, dans un halo lumineux. Tronquée au niveau des genoux, elle est peut-être incomplète. La Vierge est vêtue d’une robe anthracite et du long manteau bleu qu’elle porte traditionnellement dans la peinture tourangelle de la fin du XVe siècle. L’iconographie de la Vierge en gloire est proche de celle de l’Assomption mais s’en distingue par la présence de l’Enfant. Élaboré à partir d’un rapprochement entre la figure de Marie et celle de la femme « vêtue de soleil » décrite par Jean dans l’Apocalypse (XII, 1), le thème devint populaire à la fin du XVe siècle à la faveur de la promulgation d’une bulle papale approuvant le culte de l’Immaculée Conception.
Le modèle de ce vitrail a été élaboré dans le contexte de la peinture tourangelle du début du XVIe siècle, et plus précisément dans la mouvance de Jean Bourdichon, l’un des principaux héritiers de Jean Fouquet.
Les chérubins rouges et les séraphins bleus qui entourent Marie rappellent ceux de la Vierge à l’Enfant du diptyque de Melun peint par Fouquet (v. 1453-1455). La figure mariale est quant à elle très proche de la Vierge à l’Enfant du Triptyque de Naples, de Bourdichon (1501 et 1504), et des détails comme la couronne fleuronnée et les chérubins les bras croisés sur la poitrine sont similaires à ceux réalisés par ce même peintre dans la Vierge en gloire allaitant l’Enfant (fo324) du Livre d’Heures de Frédéric d’Aragon (v. 1501-1502, Paris, BnF).
L’activité de Bourdichon en tant que peintre de modèles pour les vitraux est attestée par les archives. En janvier 1509, Pierre Gaultier, curé de Vouvray demanda au vitrier Symonnet Duru de réaliser un vitrail selon le « pourtraict fait par Jehan Baudichon » [Tours 1500, cat. 78]. Les nombreuses destructions de verrières de la Renaissance ne permettent pas d’apprécier les qualités de la création verrière tourangelle. Cependant, nombreux furent les peintres (Fouquet, Poyer, Bourdichon…) à produire des cartons pour les maîtres verriers.
Bibliographie
Chancel-Bardelot Béatrice de, Charron Pascale, Girault Pierre-Gilles, Guillouët Jean-Marie (dir.), Tours 1500. Capitale des arts, catalogue d’exposition au musée des Beaux-Arts de Tours du 17 mars au 17 juin 2012, Paris, Somogy, 2012, cat. 78 (notice de Pierre-Gilles Girault).
Fiot Robert, « Du nouveau sur Jean Bourdichon », dans Bulletin de la société archéologique de Touraine, 30, 1949-1950, p. 65-80.