Portrait de François Ier

Auteur(s) :

Clouet, Jean

Commanditaire(s) :

Date(s) :

v. 1525-1527 ?

Dimension(s) :

L : 74cm / H : 96cm

Techniques / Matériaux :

Huile sur bois

Lieu de conservation :

Paris, Musée du Louvre

François Ier (1494-1547), roi de France, Jean Clouet, 2e quart du XVIe siècle, huile sur bois (chêne), 96 x 74 cm, Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, INV 3256.
Crédits : Photo © 2014 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

L’attribution de l’imposant Portrait du roi François Ier, un tableau peint sur bois et conservé au musée du Louvre, a longtemps été débattue. À présent, les historiens de l’art s’accordent pour le rendre à Jean Clouet, artiste d’origine flamande, qui fut au service du roi à partir de 1516. Les circonstances de la commande demeurent inconnues et la première mention de l’œuvre est assez tardive. En effet, elle remonte à 1642 lorsque le tableau est mentionné dans une description du château de Fontainebleau [Scailliérez, 1996, 35].

Le roi se tient devant une tenture de damas rouge ornée de motifs végétaux et de couronnes. Il est figuré à mi-corps derrière un parapet recouvert d’un pan de velours vert. La main gauche repose sur le pommeau d’une épée et la main droite enserre délicatement un gant brun. Le buste est vu de face et, bien que le visage soit légèrement tourné vers la droite, le roi dirige le regard vers le regardeur. Le souverain est richement vêtu d’un pourpoint à crevés composé de bandes noires et blanches et laissant apparaître une chemise blanche. L’ample manteau de soie blanche est garni d’un liseré noir brodé de rinceaux dorés. François porte le collier de l’Ordre de saint Michel et un béret paré d’une broche et de perles et surmonté d’un panache blanc.

Charles VII, Jean Clouet (école de), milieu du XVe siècle, Huile sur bois (chêne), 85,7 x 70,6 cm, Paris, Musée du Louvre, Département des Peintures, INV 9106.
Crédits : Photo © 2017 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Le portrait de François Ier évoque celui de Charles VII peint par Jean Fouquet vers 1450-1455 (Paris, musée du Louvre), qui était conservé à Bourges à l’époque de Jean Clouet. Les dimensions imposantes, le cadrage, la position du corps et du visage ainsi que la physionomie du roi (de larges épaules contrastant avec une petite tête) reflètent l’influence du modèle fouquettien [Scailliérez, 1996, p. 68]. Clouet apporte toutefois des modifications à ce prototype. Il ne reprend pas le motif du rideau et préfère exprimer la profondeur grâce à l’ombre du buste projetée sur la tenture en arrière-plan. Le jeu de regards entre le roi et l’observateur, qui est complètement absent du Charles VII, trouve peut-être sa source dans le Portrait de Laurent de Médicis de Raphaël, un tableau qui transita par Amboise entre février et septembre 1518 [Scailliérez, 1996, p.74]. Le visage du roi à la fois placide et affichant un léger sourire reprend trait pour trait un dessin à la pierre noire et à la sanguine daté vers 1524 et conservé aujourd’hui au musée Condé de Chantilly.

 

Portrait de François Ier, Jean Clouet, 1524, dessin, 27,6 x 19,7 cm, Chantilly, Musée Condé, 01-020104.
Crédits : Photo © RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojeda

Le portrait du Louvre évoque par différents moyens le statut du modèle. Les couronnes du damas rouge et le collier de l’Ordre de saint Michel, ordre fondé par Louis XI, sont des attributs de la royauté. Le motif de la cordelière à nœuds de concorde (en forme de 8) brodé sur le pourpoint est un emblème dynastique et royal que François a emprunté à sa mère Louise de Savoie et qui rappelle également en partie celui que sa femme Claude de France, a hérité d’Anne de Bretagne [Fourrier et Parot, dans Louise de Savoie, 2015, p. 173]. L’épée souligne par ailleurs le rôle militaire et guerrier du souverain. La monumentalité du modèle est accentuée par les dimensions du tableau ainsi que par la composition. En effet, le corps du roi, qui occupe les trois quarts de la hauteur du tableau, outrepasse les limites de l’œuvre et se déploie hors du cadre au niveau des manches.

 

Le Portrait de François Ier s’inscrit dans une tradition des effigies royales instaurée au siècle précédent par Jean Fouquet. Bien que sa provenance demeure inconnue, la vision d’un roi plein d’assurance devait laisser une vive impression sur le spectateur et véhiculer une image glorieuse de la royauté.

 

Bibliographie

Mellen Peter, Jean Clouet, Paris, Flammarion, 1971.
Scailliérez Cécile, François Ier par Clouet, catalogue de l’exposition du musée du Louvre du 23 mai au 26 août 1996, Paris, Editions de la RMN, 1996.
Zvereva Alexandra, Les Clouet de Catherine de Médicis, catalogue de l’exposition du musée de Condé de Chantilly du 25 septembre 2002 au 6 janvier 2003, Paris, Somogy, 2002.
Zvereva Alexandra, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Paris, Arthena, 2011.
Zvereva Alexandra, « Jehannet Clouet : étranger, peintre, officier royal, notable de Tours », dans Art et société à Tours au début de la Renaissance, acte du colloque du CESR du 10 au 12 mai 2012, Marion Boudon-Machuel, Pascale Charron (dir.), Turnhout, Brepols, 2016, p. 147-159.


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