Médaille de Louis XII

Auteur(s) :

Colombe, Michel ; Chapillon, Jean

Commanditaire(s) :

Corps de ville de Tours

Date(s) :

1499

Dimension(s) :

Ø : 3.6cm

Techniques / Matériaux :

Or

Lieu de conservation :

Paris, Bibliothèque nationale de France

Médaille de Louis XII, Michel Colombe et Jean Chapillon, 1500, droit : « LVDOVIC ‘XII’ FRANCORV REX MEDIOLANI DVX » ; revers : « VICTOR TRIVMPHATOR SEMPER AVGVSTVS », or, ø 3,6 cm, poids 26,83 g, Paris, BnF, département des Monnaies, médailles et antiques – Série royale 49.
Crédits : Photo © BnF, service reproduction

Les entrées royales constituaient des cérémonies ritualisées pendant lesquelles le cortège empruntait un parcours dans la ville jalonné de représentations théâtrales appelées « mystères ». Les artistes de la cité étaient alors sollicités par la municipalité pour en préparer les décors ou pour élaborer les cadeaux qui étaient offerts aux souverains.

Pour l’entrée de Louis XII et d’Anne de Bretagne en novembre 1500, les échevins chargèrent le sculpteur Michel Colombe de fournir le patron (le modèle) d’une médaille en or à l’effigie du roi. L’orfèvre Jean Chapillon en frappa soixante exemplaires qui furent présentés au souverain dans une coupe en or réalisée par l’orfèvre Jean Gallant [Renumar, 19 janvier 1501]. La reine reçut une Nef en argent doré qu’elle fit transformer cinq ans plus tard en un reliquaire de sainte Ursule. Dans une lettre du 7 janvier 1501, Michel Colombe réclamait au maire Pierre Morin le paiement qui lui était encore dû pour ce travail, ainsi que pour la confection d’un harnois en terre cuite qui servit d’accessoire pendant l’un des mystères [Renumar, 7 janvier 1501]. Cette supplique fut persuasive puisque la dépense fut enregistrée dans les comptes communaux le 18 janvier [Renumar, 18 juin 1501]. Le jour suivant, ce fut au tour de Jean Chapillon et de Jean Gallant d’être rétribués pour leur travail [Renumar, 19 juin 1501].

La médaille présente le buste du roi de profil. Louis XII, la tête haute, le regard franc et la mâchoire serrée, exprime la détermination et l’orgueil du chef de guerre rentré vainqueur en son royaume. En effet, comme le soulignent les deux légendes – « LUDOVIC XII FRANCORU REX MEDIOLANI DUX » (Louis XII, roi des Francs, duc de Milan) à l’avers et « VICTOR TRIUMPHATOR SEMPER AUGUSTUS » (Vainqueur triomphant, toujours majestueux) au revers, – la médaille célèbre les conquêtes italiennes du roi et son nouveau titre de duc de Milan. Le souverain porte un haut mortier et une tunique plissée nouée sur la poitrine. Hormis les inscriptions et la petite couronne insérée dans la légende, aucun attribut n’indique son statut royal ou militaire. Au revers figure un porc-épic, animal emblématique de Louis XII, paré d’un collier de perles, avec les piquants dressés sur le dos. Il est dominé par la couronne royale alors que trois tours inversées, symbole de la ville, supportent la terrasse sur lequel il se tient.

L’effigie royale possède les qualités d’une œuvre sculptée. Le buste, plus long qu’à l’accoutumée dans l’art de la numismatique, outrepasse le cadre dans la partie supérieure et rappelle les portraits sculptés en médaillon qui étaient à la mode pendant la Renaissance. Sans affirmer avec Paul Vitry que le modèle « paraît d’une laideur fort ressemblante », ce portrait présente néanmoins un degré de détail poussé pour un objet de très petites dimensions. La chair molle et tombante des joues et du double menton, les tendons du cou saillants et la proéminence de la pomme d’Adam dénotent les talents de portraitiste de Colombe. La finesse dans le rendu des matières, notamment au niveau du col ou des cheveux, et dans la douceur du modelé, relève du travail de modelage préparatoire à la fonte.

 

Bibliographie

Bresc-Bautier Geneviève, Crépin-Leblond Thierry, Taburet-Delahaye Élisabeth (dir.), France 1500, entre Moyen-Âge et Renaissance, catalogue de l’exposition du Grand Palais à Paris du 6 octobre 2010 au 10 janvier 2011, Paris, RMN, 2010, cat. 29 (notice d’Inès Villela-Petit).
Chancel-Bardelot Béatrice de, Charron Pascale, Girault Pierre-Gilles, Guillouët Jean-Marie (dir.), Tours 1500. Capitale des arts, catalogue d’exposition au musée des Beaux-Arts de Tours du 17 mars au 17 juin 2012, Paris, Somogy, 2012, cat. 10 (notice d’Inès Villela-Petit).
Pradel Pierre, Michel Colombe, le dernier imagier gothique, Paris, Librairie Plon, 1953, p. 40-42.
Vitry Paul, Michel Colombe et la sculpture française de son temps, Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1901, p. 350-352 et 376-378.


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