Hôtel des Trésoriers de Saint-Martin

Localisation :

Tours ; 54-56 place du Grand-Marché

Dates :

XVe siècle

État du batiment :

Partiellement conservé

Hôtel des Trésoriers de Saint-Martin.
Crédits : Photo © Ophélie Delarue

Situé dans l’ancien quartier de Châteauneuf, prospère grâce aux marchands et dominé par la puissante collégiale Saint-Martin, l’hôtel des Trésoriers de Saint-Martin était le symbole de l’autorité temporelle des chanoines (administration des biens et juridiction sur les hommes). Le logis était alors appuyé contre le mur d’enceinte de Châteauneuf. Élevé vraisemblablement à la fin du XVe siècle, l’hôtel a conservé sur la place du Grand-Marché un portail très orné, caractéristique du gothique flamboyant. À l’intérieur du passage du portail, une rupture de l’appareillage indique une reprise postérieure de la façade vers la place du Grand-Marché. Celle-ci a dû être reprise après l’ouverture de Châteauneuf dont l’enceinte s’est déplacée à l’ouest [Saint-Jouan, 1998, p. 543-544]

Le portail, vestige d’un important ensemble de bâtiments aujourd’hui disparus, est encadré par deux immeubles du XIXe siècle. Le portail actuel se compose d’un rez-de-chaussée en pierre dure ainsi que d’un premier étage et d’un étage de comble en pierre de taille de tuffeau. Le rez-de-chaussée est percé dans toute sa largeur d’une porte cochère en anse de panier, couvert d’une Accolade. Des crochets en choux frisés finement ciselés sont placés sur l’arc en accolade. À l’aplomb de la pointe de celle-ci, des trilobes garnissent le Tympan. Les écoinçons sont ornés d’un réseau d’arcatures aveugles trilobées. Des chiens sculptés se couchent sur les colonnes au niveau des sommiers. La porte est encadrée de deux colonnes formant piédestaux.

Porte cochère : Hôtel des Trésoriers de Saint-Martin. Crédits : Photo © Ophélie Delarue

 

Au premier étage, les chapiteaux des colonnes supportent une niche couverte d’un Dais à pinacle. Au centre, deux baies en arc brisé surmontées d’un gâble en accolade, dont les encadrements sont ornés de multiples moulures prismatiques reposant sur des bases, prennent place de part et d’autre d’une large niche couronnée d’un dais disposant d’une minuscule voûte d’ogives. Notons la belle peinture murale figurant un château à double couronnement qui est encore conservée sous le dais. Le pignon découvert à rampants ornés de crochets et d’un fleuron est percé d’un jour éclairant le comble. Sur le rampant nord se trouve le départ d’une gargouille. Au-dessus, encastrés dans la maison du XIXe siècle, subsistent les vestiges d’un pinacle.

 

Au XXe siècle, le portail présentait un état très dégradé : de larges fissures partaient de la porte et montaient jusqu’au comble, la plus grande partie des ornements en saillie des sculptures avaient disparu ou encore la pointe du pignon menaçait de tomber [Saint-Jouan, 1998, p. 548]. Les restaurations menées en 1993 par l’architecte Arnaud de Saint-Jouan portèrent sur la reconstitution du décor sculpté en partie disparu, la préservation et le nettoyage de la plupart des pierres et des sculptures du rez-de-chaussée et le pignon qui fut entièrement déposé et refait [Saint-Jouan, 1998, p. 544, 552-554].

 

La niche centrale devait recevoir la statue de la Charité de saint Martin [Saint-Jouan, 1998, p. 554]. Ce nom désigne un épisode de la vie de Martin de Tours durant lequel, alors qu’il était légionnaire de l’armée romaine, il partagea son manteau avec un mendiant aux portes d’Amiens [Sulpice Sévère, p. 19]. Le nettoyage de la niche centrale a permis de retrouver la peinture d’une fortification, un château ou une entrée de ville avec ses tours et ses ponts-levis. Cette peinture ne semble pas représenter précisément la ville de Tours mais pourrait représenter symboliquement les remparts de la ville d’Amiens servant de fond à la statue de saint Martin [Saint-Jouan, 1998, p. 554]. Les statues de la niche centrale et des niches latérales n’ont pas été recréées.

Peinture murale figurant une fortification : Hôtel des Trésoriers de Saint-Martin. Crédits : Photo © Ophélie Delarue.

 

Bibliographie et sources

Base POP, PA00098238
Saint-Jouan Arnaud, « Portail de l’hôtel de la Trésorerie de Saint-Martin (Tours, Indre-et-Loire, 54, place du Grand-Marché) », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 46, 1998, p. 543-558.
Sulpice Sévère, Vie de saint Martin [« De vita Beati Martini liber unus »], traduit du latin par Richard Viot, Tours, 1861.


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