Issu d’une famille champenoise, Guillaume Jouvenel des Ursins était le fils de Michèle de Vitry et de Jean Jouvenel des Ursins qui s’était illustré dans le commerce avant de devenir prévôt des marchands de Paris puis avocat du roi et magistrat en parlement. Les Jouvenel ajoutèrent l’extension « des Ursins » à leur nom vraisemblablement à partir des années 1437-1438 pour asseoir le prestige de leur lignée en se prétendant descendants de l’illustre famille italienne des Orsini [Batiffol, 1889].
Guillaume commença sa carrière en suivant les traces paternelles. D’abord conseiller du parlement de Poitiers, il se tourna vers les finances sous Charles VII où il était spécialisé dans les guerres. Il fut fait chevalier le 17 juillet 1429 lors du sacre de Charles VII à Reims. De 1435 à 1440, il fut bailli de Sens et lieutenant du gouverneur du Dauphiné. Cinq ans plus tard, en 1445, il fut fait chancelier de France. Destitué en 1461 par Louis XI au moment de son accession au trône, il entra au Grand Conseil en même temps que Pierre Doriole [Gaussin, 1985] en 1463, avant d’être rétabli dans sa fonction de chancelier en 1466.
Marié en 1423, il épousa Geneviève Heron, fille d’André Héron, maître des comptes, qui lui donna deux enfants, un garçon, Jean qui poursuivit une carrière de conseiller en parlement et qui hérite de ses biens à sa mort en 1472, et une fille Jacquette, qui épousa Jacques de Beaujeu.
Au moment où il fut fait chancelier pour la première fois, Guillaume était à Tours où il entreprit de construire un vaste hôtel urbain bientôt connu sous le nom d’hôtel de la Chancellerie situé rue de la Scellerie. Les travaux eurent lieu entre 1447 et 1450. Homme d’affaires avisé, il demanda l’autorisation au seigneur du fief du Péage sur lequel sa parcelle était implantée d’installer une boucherie en 1450. Les quatre étaux de la boucherie Saint-Étienne lui procurèrent dès lors 20 livres tournois de revenu annuel. Quelques années plus tard, en 1467, Jean Jouvenel, son fils, fit lotir les vergers situés entre les anciens et les nouveaux remparts. Cinq maisons virent le jour entre les rues du Cygne et la place Saint-Étienne [Chevalier, 1983, p. 222].
Entre 1460 et 1465, Guillaume sollicita le peintre tourangeau Jean Fouquet pour réaliser son portrait. À l’origine intégré à un diptyque ou à un triptyque, seul subsiste le portrait du chancelier qui fait aujourd’hui partie des collections du musée du Louvre.
Bibliographie
Batiffol Louis, « Le nom de la famille Juvénal des Ursins », dans Bibliothèque de l’école des chartes, 1889, T. 50, p. 537-558.
Gaussin Pierre-Roger, « Les conseillers de Louis XI (1461-1483) », dans Bernard Chevalier éd., La France de la fin du XVe siècle. Renouveau et apogée, Paris, C.N.R.S. Éditions, « Colloques internationaux du CNRS », 1985, p. 105-134.
Michel Maître et André Montoux, « L’hôtel de la Chancellerie à Tours », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 41, 1986, p. 419-436.
Recueil de titres et pièces diverses concernant le comté de CLERMONT, la ville de REIMS, l’abbaye de MORIENVAL, diverses églises de SENLIS, la ville et l’université d’ANGERS, la famille des URSINS ; Pierre RAMUS, Jean-Antoine DE BAÏF, Ange POLITIEN ; les bibliothèques de François Savary DE BREVES, et de la cathédrale de CHARTRES ; différentes affaires de SORCELLERIE, etc. — De 1269 à 1635 environ, fo 78ro.