Tours, 3 rue de la Serpe
Cette maison passe pour avoir été la maison de Jean Bourdichon, peintre actif à Tours entre 1478 et 1521, enlumineur et valet de chambre du roi Louis XI [Jeanson, 1973, p. 272]. D’après un acte de vente du 12 septembre 1525, la maison des « héritiers de Jean Bourdichon » est mitoyenne d’une « maison à l’enseigne de La Serpe, située dans la paroisse Saint-Clément de Tours » [AD 37, 3E1/29, 23 juin 1505]. L’enseigne de la Serpe a laissé son nom à la rue. Un bail datant du 23 juin 1505 situe la maison de la Serpe « place du Grand-Marché à Tours, à l’enseigne de La Serpe » [AD 37, 3E1/20, 12 septembre 1525], c’est-à-dire possiblement au n°45 ou au n°47 de la place du Grand Marché à l’angle de la rue de la Serpe. La maison 3 rue de la Serpe étant voisine et sa façade de la fin du XVe siècle correspondant à la période d’activité de Jean Bourdichon, les auteurs ont ainsi assimilé cette maison à celle du peintre.
La maison à gouttereau sur rue possède un rez-de-chaussée en pierre de taille au-dessus duquel s’élèvent trois étages en pan de bois construits en encorbellement et revêtus d’un essentage d’ardoise. Le mur pignon mitoyen auquel s’adosse la cheminée est en pierre pour se garder des risques d’incendie. Les étages en encorbellement reposent sur des solives débordantes dont l’about repose lui-même sur un épais cordon mouluré en pierre. Celui-ci est agrémenté de plusieurs consoles sculptées de têtes d’hommes. À gauche, la porte du rez-de-chaussée, qui était jadis une fenêtre, est soulignée par un décor à double baguettes entrecroisées aux angles. Au centre, une porte surmontée d’un jour en imposte et un portail ouvrent sur la rue. Celui-ci résulte d’une importante reprise en sous-œuvre comme le montre l’interruption du cordon mouluré. Ce portail, qui fut donc ouvert postérieurement, donne dans un couloir menant vers une cour au nord et vers un escalier hors-œuvre à balustres du XVIIe siècle. Il semble qu’à l’origine l’accès à la maison se faisait par la porte à jour en imposte ouvrant sur la pièce du rez-de-chaussée [Bonnin, 1979, p. 220]. Les encadrements à baguettes croisées sont typiques de la fin du XVe siècle. Ils connaissent un grand succès à cette période et perdurent même au-delà [Gaugain, 2011, vol. I, p. 398].
Les masques humains sculptés sont également issus de la tradition médiévale, ce qui amène à proposer une datation comprise dans les dernières décennies du XVe siècle.
Bibliographie et sources
Archives départementales d’Indre-et-Loire (AD 37), 3E1/20. Dates : 1505-03-23 à 1506-04-14 Tours : 1505, 23 juin (univ-tours.fr)
Archives départementales d’Indre-et-Loire (AD 37), 3E1/29. Dates : 1525-05-11 à 1526-03-29 Tours : 1525, 12 septembre (univ-tours.fr)
Base POP, IA00071423 et PA00098255.
Bonnin Martine, Les maisons à Tours au XVème et au XVIème siècles, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979].
Gaugain Lucie, Le château et la ville d’Amboise : architecture et société aux XVe et XVIe siècles, thèse d’Histoire de l’Art sous la direction d’Alain Salamagne, Université François Rabelais de Tours, [2011].
Jeanson Denis, Sites et monuments du grand Tours, Tours, Astragale, 1973, 1973.