Les ports

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Détruit

L’importance du commerce et de la navigation par voie fluviale nécessita des lieux dédiés aux débarquements et embarquements des marchandises et des personnes. Si aujourd’hui plus aucun port ne demeure, la ville de Tours en dénombrait une vingtaine à la Renaissance, allant du simple espace vaguement aménagé à des structures pérennes organisées. Selon Ch. Bouquet, parmi les plus importants figuraient le port de la Cohérie, de Foire-le-Roi et de l’Hôpitau [Bouquet, 2001, p. 37]. Il ne s’agissait là que des ports municipaux, la ville comptait également nombre de petits ports aménagés par des particuliers. Ils prenaient la forme de simples pontons de bois construits sur pilotis [Chevalier, 1983, p. 20].

 

Le port Ragueneau

Le port Ragueneau vit le jour au moment du percement de la porte et de la rue du même nom par la municipalité en 1483. Il permettait sans doute de décharger les marbres à destination de la grange aux marbres située à proximité. En raison de contiguïté avec la grange et l’atelier des Justes, on peut imaginer que c’est par ce port que transita le tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne réalisé par les Justes à destination de la basilique Saint-Denis en 1531 [Renumar, 18 février 1531]. Le maçon Guillaume Besnouart, qui travailla notamment à l’hôtel de Beaune, utilisa cet embarcadère pour faire livrer des matériaux nécessaires à ses chantiers en 1507 [Renumar, 24 février 1507 ; Renumar, 27 mai 1507].

 

Le port de Saint-Pierre-des-Corps

Situé à l’angle nord-est de l’enceinte du XIVe siècle, ce port est attesté en 1532 lorsque des pièces de charpente destinées au château de Chambord sont embarquées sur des bateaux pour rejoindre le port Saint-Dyé-sur-Loire [Renumar, 16 mai 1532].

 

Le port de Bretagne

Ce port était installé à l’angle nord-ouest de l’enceinte du XIVe siècle, à l’extrémité de l’actuelle rue de la Victoire, au niveau du pont Napoléon [Noizet, 2007].

 

Le port de la Cohérie

Construit en bord de Loire, ce port était le plus proche du bras gauche du fleuve. Il fut percé dans la nouvelle enceinte de la cité aménagée à partir de 1356. Point d’accès sensible de la cité, il fut renforcé par l’ajout d’un bateis de pieux qui protégeait les abords du ponton de bois en 1388. Cet ajout défensif n’empêcha pas le porte d’être murée en même temps que celle de la place Foire-le-Roi pour protéger la cité des invasions anglaises. Il supportait le plus trop du trafic maritime en raison de sa proximité avec le cours principal du fleuve et avec l’embouchure du ruau Sainte-Anne qui servait de canal de navigation entre le Cher et la Loire [Chevalier, 1983, p. 20].

 

Le port Foire-le-Roi

Lui aussi percé en 1388 au moment de la construction de la nouvelle enceinte, le port de la place Foire-le-Roi était lui aussi l’un des ports importants de la ville. Très vite cependant, la porte donnant accès au port fut murée pour protéger la ville des incursions anglaises. Ce n’est qu’en 1431 que la municipalité rouvrit la porte à la demande des chanoines de Saint-Gatien. Ces derniers avaient besoin d’un accès pour décharger la charpente de la grande Nef de la cathédrale qui devait voyager par bateau sur la Loire jusqu’à Tours [Renumar, 18 juillet 1431 ; Renumar, 12 juillet 1431]. La même année, les élus profitent de la réouverture de la porte pour faire débarquer sur le port les sablons et autres graviers nécessaires à la réfection de la place Foire-le-Roi. Par la même, la porte fut reconstruite pour faciliter l’accès au nouveau port réaménagé [Giraudet, 1883, p. 175]. Entre 1434 et 1450, le port Foire-le-Roi fut l’un des seuls actifs. Pour maintenir la sécurité de la cité, seules deux portes furent maintenues ouvertes, la porte Foire-le-Roi et au sud, la porte Saint-Vincent [Chevalier, 1983, p. 119]. Le port Foire-le-Roi était l’un des plus dynamiques de la cité. C’est par ce quai qu’arrivaient les marchandises à destination des foires de la ville et de la région.

S’il permettait le déchargement des marchandises, ce port était également un lieu de débarquement de voyageurs et notamment des plus illustres d’entre eux, les souverains. Les rois et reines faisaient fréquemment leur entrée dans la cité tourangelle en arrivant par bateau depuis la Loire. C’est notamment le cas de François Ier le 21 août 1516 ou encore Henri II le 18 mars 1556 [Giraudet, 1883, p. 208]. Le port et par extension la place Foire-le-Roi étaient les premiers éléments de la cité qui s’offraient à eux, on imagine donc sans peine le soin qui avait dû être apporté à l’aménagement de ce port.

 

Le port du Fort-des-Boires

Le port du Fort-des-Boires, installé non pas sur la Loire, mais sur le ruau Sainte-Anne, desservait le château du Plessis-lès-Tours. Il est attesté entre 1481 et 1505 [Renumar, 14 juillet 1481 ; Renumar, 21 mars 1505]

 

Le port de l’Hôpitau

La porte de l’Hôpitau, percée au XIVe siècle, permettait de donner accès au port du même nom. Il s’agissait, selon Ch. Bouquet, de l’un des trois plus importants ports de la ville [Bouquet, 2001, p. 37] bien que les sources le concernant soient peu nombreuses. La protection du port et de la porte était assurée par un « bateis » de pieux installé en 1388 [Bouquet, 2001, p. 37]. Cette mesure fut cependant insuffisante. La porte donnant accès au port fut murée en 1436. Par conséquent, l’activité du port fut stoppée. La sécurité revenue, le port fut de nouveau mis en service. Il était encore en activité en 1507 puisque la municipalité prit la peine, à cette date, de le reconstruire. Les travaux furent confiés au maître maçon Pierre Courtoys [Giraudet, 1885, p. 96].

 

Bibliographie

Bouquet Ch., « La communauté urbaine de Tours à la fin du Moyen Âge », dans Carcaud N. et Garcin M. (coord.), Géoarchéologie de la Loire moyenne et de ses marges, Vol. 1, 2001, p. 37-46.
Chevalier Bernard, Tours ville royale. 1356-1520, Chambray, C.L.D., 1983.
Giraudet Eugène, Histoire de la ville de Tours, T. 1, Tours, 1883.
Noizet Hélène, La Fabrique de la ville. Espaces et sociétés à Tours (IXe-XIIIe siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 2007.