Couvent des Minimes

Localisation :

La Riche, sur le domaine du château du Plessis-lès-Tours, sur les bords du Cher, au sud-est du château.

Dates :

Fin XVe-XVIIIe siècle

État du batiment :

Détruit

Veüe du couvent des Pères Minimes du Plessis lez Tours, dessiné du costé de l’entrée, Louis Boudan, 1699, dessin à l’aquarelle, 32,7 x 29 cm, Paris, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, collection Gaignières, 5295.
Crédits : Source gallica.bnf.fr / BnF

Lorsque Louis XI, au crépuscule de son existence fit venir François Martotilla, plus connu sous le nom de François de Paule, au château du Plessis-lès-Tours en 1483, il l’installa tout d’abord dans l’une des maisons de la basse-cour du domaine [Laurencin, 1991, p. 449]. Exhaussant la volonté de son père, Charles VIII donna à l’ermite, par lettres patentes datées du 15 janvier 1485, l’église Saint-Mathias contiguë à la maison où il logeait. Ces deux éléments constituèrent un embryon de couvent qui prit le vocable de Sainte-Marie-du-Pâtir. Dès 1486, les premiers disciples rejoignirent le couvent, mais le manque d’espace se fit rapidement ressentir. La décision fut prise d’édifier un nouveau couvent, toujours sur le domaine du château du Plessis, mais davantage à l’écart de la cour royale, sur les bords du Cher. Des lettres patentes datées du 24 avril 1489, firent don des prés de Bargerie, au sud-est du château [Laurencin, 1995, p. 450]. C’est là que s’édifie à partir de 14921 un important ensemble conventuel ou meurt et est enterré, en avril 1507, François de Paule.

L’église du Couvent de Jésus-Maria de 1531 à 1561, plan extrait de Michel Laurencin, « Le Couvent de Jésus-Maria et les Minimes du Plessis-lès-Tours depuis la fin du XVe siècle », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 44, 1995, p. 457.
Crédits : Source gallica.bnf.fr / BnF

Les travaux de construction furent confiés au maître des œuvres de maçonnerie et charpenterie pour le roi en Touraine, Jean Regnard, qui mobilisa à ses côtés plusieurs artisans tourangeaux et notamment Pierre Mahy qui avait déjà œuvré au chantier de l’hôtel de ville de Tours. Dès la fin de l’année 1490, l’église fut achevée. De plan rectangulaire à une Nef, elle mesurait environ 25 mètres de long pour près de 10 mètres de large et était renforcée par 16 contreforts. Le clocher, en son centre, était couronné d’une lanterne de forme hexagonale pouvant accueillir trois cloches. Culminant à plus de 11 mètres de haut, il était surplombé par une croix dorée comportant une bannière en guise de girouette. L’église ne comprenait pas de transept mais deux chapelles latérales, celle de l’Annonciation au nord et celle du baptême du Christ par saint Jean-Baptiste au sud [Laurencin, 1995, p. 451-452] ou fut inhumé François de Paule.

Tombeau de saint François de Paule, Anonyme, dessin, Paris, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, collection Gaignières, RESERVE FOL-PE-1 (G).
Crédits : gallica.bnf.fr / BnF

Un tombeau lui fut édifié à l’initiative de Louise de Savoie [Chalmel, 1818, p. 227]. Le pignon de l’église était ornée d’une verrière réalisée par Gilles Jourdain. Ce vitrail de 2,60 mètres de haut mettait en scène la Crucifixion. Le Christ sur la croix était entouré de Marie et de saint Jean-l’Évangéliste. La scène était accompagnée de deux anges portant l’écusson du roi ceint du collier de l’ordre de saint Michel. Reposait sur l’autel un tabernacle en bois sculpté, œuvre de Michel Theloppe. De forme octogonale, il s’élevait sur trois niveaux. Les autres bâtiments que comptait le couvent rassemblaient la salle capitulaire, la sacristie, elle aussi ornée d’un vitrail représentant une Notre-Dame accompagnée d’anges et des armes du roi. À cela, il fallait ajouter les dépendances, ainsi qu’un réfectoire surmonté des chambres des chanoines et un oratoire qui était relié à l’église. Le tout coûta un peu plus de 7400 livres dont près de la moitié (3360 livres) fut consacrée à la maçonnerie. Plus de 1500 autres livres (1542 livres 17 sols 6 deniers) furent nécessaires pour les travaux de charpenterie [Laurencin, 1995, p. 451].

Après la mort de François de Paule, les religieux du couvent demandèrent à Jean Bourdichon de réaliser, à partir de l’une des places de la couche de l’ermite, un portrait de leur maître. Il y était représenté agenouillé en prière devant un crucifix [Laurencin, 1995, p. 453]. Le couvent connait un fort rayonnement en raison de la personnalité du fondateur, des miracles qui se produisent sur sa tombe et de sa canonisation en 1519 [Bordeaux, Debal, Mazany, 2020, p. 9]. Vers 1530, Louise de Savoie fit procéder à l’agrandissement de l’église. Au nord, elle fit ajouter une nef comprenant trois voûtes [Laurencin, 1995, p. 452]. Après la mort de François de Paule, sa cellule laissa la place, en 1532, à une chapelle consacrée à la Vierge Marie destinée à accueillir les tombeaux des membres de la famille de l’ermite [Laurencin, 1995, p. 453]. Le couvent ne fut pas épargné par l’épisode des Cent jours du printemps 1562. Les protestants s’y introduisirent et pillèrent les lieux. Les corps de saint François de Paule et de Frédéric d’Aragon (inhumé dans le Chœur de l’église) furent brûlés avant que les ossements en 1582 ne soient de nouveau rassemblés et placés dans une grande chasse de bois offerte par l’abbé de Marmoutier. Le retour de la paix marque aussi celui des moines. Par la suite le couvent est un centre de pèlerinage fréquenté d’abord par Charles IX puis surtout au début du XVIIe siècle par Marie de Médicis qui fait plusieurs dons au couvent [Bordeaux, Debal, Mazany, 2020, p. 12].

Bien que perdant progressivement des religieux, le couvent se maintint jusqu’à la Révolution. Il fut alors saisi et vendu. Le nouveau propriétaire fit détruire une grande partie des bâtiments [Laurencin, 1995, p. 460]. Il en subsiste aujourd’hui une chapelle et surtout un imposant bâtiment conventuel (peut-être du XVIIe siècle).

 

Bibliographie

Chalmel Jean Louis, Tablettes chronologiques de l’histoire civile et ecclésiastiques de Touraine, Tours, Letourmy, 1818.
Laurencin Michel, « Le Couvent de Jésus-Maria et les Minimes du Plessis-lès-Tours depuis la fin du XVe siècle », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 44, 1995, p. 449-465.
Patrick Bordeaux, Anne Debal, Donatien Mazany, Saint-François de Paule et l’ordre des Minimes en Touraine, Tours, 2020, Association AMBACIA/Les amis de saint François de Paule.


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