Archevêché

Localisation :

Tours, place Grégoire de Tours

Dates :

XIIe siècle

État du batiment :

Conservé

Archevêché de Tours, place Grégoire de Tours.
Crédits : Photo © Léa Dupuis

À la fin du Moyen Âge et ce depuis le XIIe siècle la résidence de l’archevêque de Tours était un édifice en pierre qui donnait sur la place de la Justice des Bains. Il est d’ailleurs encore visible aujourd’hui à l’angle entre la rue Fleury et la rue du Général Meusnier. Il fut vraisemblablement édifié en même temps que la reconstruction de la cathédrale entamée en 1130 par Hildebert de Lavardin. L’archevêché connut plusieurs campagnes de travaux au cours du XVe [Mabire La Caille, 1988, p. 77]. Selon un acte de 1449, le palais était doté à cette date d’un jardin et d’un préau sans que l’on sache qui fut à l’initiative de l’ouvrage [Mabire La Caille, 1988, p. 78].

C’est également au cours du XVe siècle que l’archevêché fut le théâtre d’événements prestigieux. Le 6 avril 1468, les États généraux se réunirent dans la grande salle, connue également sous le nom de salle du synode. Pour l’occasion, la salle fut aménagée en trois parquets. Le plus élevé fut installé au fond de la salle pour accueillir le roi. Un second, un peu moins haut, était destiné à recevoir les hauts dignitaires. Les représentants des trois ordres se répartirent, quant à eux, autour du second parquet [Giraudet, 1883, p. 149]. Une disposition assez similaire fut décidée lors de la réunion du 10 janvier des États généraux de 1484, seuls deux parquets furent installés cette fois-ci [Giraudet, 1883, p. 160].

Balcon de l’archevêché de Tours.
Crédits : Photo © Léa Dupuis

La volonté d’embellissement de l’édifice par les archevêques successifs se prolongea au cours du XVIe siècle. L’un des exemples les plus frappant de ces entreprises est encore visible aujourd’hui sur la façade nord du palais donnant sur la place Grégoire de Tours. Il s’agit d’un balcon renaissant, fruit de la libéralité de l’archevêque Martin de Beaune (1520-1527). Daté de 1522, il fut vraisemblablement offert à l’occasion de l’entrée épiscopale du nouvel archevêque. Un cul-de-lampe pyramidal porte le balcon. Celui-ci est sculpté de plusieurs registres superposés employant des motifs Renaissances de la première moitié du XVIe siècle : dans la pointe, un écu reçoit les armes de la famille de Beaune (de gueules, au chevron d’argent accompagné de trois besants), puis des lignes de tresse, de rinceaux, de rubans, de rosettes en décor de caissons sur lesquels pendent des consoles en agrafe dont celles nord-ouest et nord-est portent les écus de la famille de Beaune, de Denticule, de rinceaux et de rosettes forment l’ensemble du décor. Des gargouilles issues du bestiaire fantastique flanquent le balcon. Les écus de France et du chapitre de Saint-Gatien soutenus par deux angelots sont figurés sur le balcon. Ils sont encadrés par des losanges inscrits dans des panneaux dont l’utilisation se diffuse largement en France à partir de 1515 [Thomas, 1998, vol. I, p. 53]. Au sommet des deux pilastres de chaque fenêtre, percée au XVIe siècle, on retrouve l’écu de la famille de Beaune. Notez l’inversion du sens de l’enroulement des consoles dans la mouluration de deux fenêtres proches l’une de l’autre et à nouveau l’écu de la famille de Beaune sur la console est [Thomas, 1998, vol. II, p. 389].

Les années 1560 furent mouvementées pour le palais qui subit deux assauts. Le premier survint dans la nuit du 18 au 19 septembre 1560. Un groupe armé pénétra dans le palais et libéra les prisonniers qui y étaient détenus. Le second survint lors des Cent jours. Les Protestants entrèrent et pillèrent les lieux [Mabire La Caille, 1988, p. 78].

Le palais archiépiscopal ne commença à prendre sa disposition actuelle qu’à partir du XVIIe siècle. La première extension se fit au sud à partir de 1626. Un bâtiment en retour d’équerre fut construit au sud-ouest de l’ancien palais. Une terrasse fut également ajoutée au sud. L’ensemble se déployait autour d’une cour intérieure. L’archevêque Bertrand d’Eschaux, à l’origine des travaux, voulut également édifier une autre terrasse. Son successeur Victor La Bouthillier poursuivit les travaux et en fit une orangerie. Il en profita également pour aménager un jardin [Mabire La Caille, 1988, p. 78]. L’archevêché, qui prenait de plus en plus des airs de palais, fut agrémenter à l’est des jardins d’une terrasse par Henri de Ceilhes de Rosset de Fleury (1752-1775). Il fit également construire à l’est un imposant corps de logis à l’emplacement d’anciens logis. Les travaux furent achevés par Joachim Mamert de Conzie (1775-1795) qui apporta sa pierre à l’édifice en déplaçant les écuries pour installer un portail ouvrant sur la place Saint-Étienne [Mabire La Caille, 1988, p. 80].

Le palais fut saisi à la Révolution. La ville de Tours prit possession des lieux et y installa les bibliothèque et musée municipaux. Après le Concordat de 1802, le palais redevint pour un siècle la demeure des archevêques tourangeaux. À nouveau saisi par l’État en 1905 lors de la séparation de l’Église et de l’État, la ville en fit l’acquisition et le transforma en musée des Beaux-Arts [Mabire La Caille, 1988, p. 81].

 

Bibliographie

Giraudet Eugène, Histoire de la ville de Tours, T. 1, Tours, Ed. des Régionalismes, 1883.
Mabire La Caille Claire, Évolution topographique de la cité de Tours des origines jusqu’au XVIIIe siècle, Thèse de doctorat en archéologie sous la direction de Léon Pressouyre, Université de Paris A, Paris, 1988.
Thomas Évelyn, Le décor de la première Renaissance, thèse de doctorat d’Histoire de l’Art, sous la direction de Jean Guillaume, CESR, Tours, 1998, 4 vol.


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