Tours, 168 rue Walvein
Située au Sud-Ouest de Tours, hors les murs de la cité, cette abbaye bénédictine fut fondée en 1002 par le trésorier de l’abbatiale Saint-Martin de Tours, Hervé de Buzançais. L’implantation se fit sur un terrain qu’Hervé avait récupéré de l’un de ses vassaux et qui abritait déjà une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Miracles. Les premières occupantes de cette abbaye de femme étaient issues du monastère Notre-Dame-de-l’Écrignole. La première abbesse fut Hersande. Au cours du XIIIe siècle, les religieux de Saint-Martin – dont le fondateur souhaitait que l’abbaye dépende – s’opposèrent aux archevêques de Tours pour savoir de qui dépendait l’abbaye. Le pape dut intervenir et décida par une bulle de 1243 que l’abbaye serait placée sous l’autorité de la collégiale Saint-Martin, mais que les abbesses à sa tête devraient, à leur arrivée en fonction, prêter serment à l’archevêque.
L’abbaye connut une extension rapide. À son apogée, elle devait s’étendre sur près de 9 hectares [Salle, 2017] et elle était à la tête de nombreux prieurés dont Carré de Busserolle dresse la liste. Selon Carré de Busserolle, l’abbaye était le théâtre d’une procession annuelle qui avait lieu le mardi des Rogations, c’est-à-dire le mardi précédent le jeudi de l’Ascension. La foule qui suivait la délégation de Saint-Martin se serait livrer à des troubles avant le départ du cortège [Busserolle, 1878, p. 183]. Cependant dès le XIVe siècle, l’abbaye connut des difficultés. Seule 20 moniales occupaient encore l’abbaye au XVIe siècle [Chevalier, 1985, p. 147]. S’il reste impossible d’apprécier la disposition des lieux, la présence d’une chapelle dédiée à Saint-Jean l’Évangéliste est attestée dès le XIIe siècle. Elle prit le nom de Saint-Jean de Beaumont en devenant paroissiale au XIIIe siècle [Ranjard, 1949, p. 112].
L’abbaye fut saisie à la Révolution. Les 38 religieux qui l’habitent furent chassées. L’abbaye fut mise en vente avant de servir d’hôpital. Elle fut finalement divisée en 7 lots pour être vendue. Les bâtiments furent alors détruits à l’exception du logis abbatiale du XVIIe siècle, des écuries et de la grange. La caserne aujourd’hui visible sur le site fut édifiée en 1913 [Base POP, IA00071349].
Bibliographie
Base POP, IA00071349
Carré de Busserolle Jean-Xavier, Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, T. 1, Tours, impr. Rouillé-Ladevèze, 1878.
Chevalier Bernard (dir.), Histoire de Tours, Toulouse, Privat, 1895.
Ranjard Robert, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne, Impr. De la Manutention, 1949.
Salle Alexandre, « Une abbaye de l’an mil sous les casernes Beaumont-Chauveau », La Nouvelle République du Centre-Ouest, 26 mai 2017.