Tours, 1bis rue Rapin
Cet hôtel se situe au 1bis rue Rapin, rue qui faisait partie de l’enclos de Saint-Martin et qui est encore aujourd’hui jalonnée de maisons canoniales. Il s’appuie sur le mur du cloître Saint-Martin. Selon le plan du cloître daté de 1762 [AD 37, G. 381], les parcelles étaient relativement grandes et dotées de jardins. Les parcelles étroites recevant des maisons à pignons sur rue que l’on rencontre dans d’autres rues de la ville en sont absentes.
Ainsi, l’hôtel adopte un plan usuel propre aux grandes parcelles : une demeure constituée de trois corps de bâtiments disposés en U autour d’une cour plus ou moins rectangulaire, elle-même séparée de la rue par un mur. Une galerie, avec sa façade en pan de bois sur la cour, relie le logis ouest au logis est. L’hôtel est desservi par un escalier hors-œuvre à l’est de la galerie et par un escalier dans-œuvre dans le logis ouest [Guillaume, Toulier, 1983, p. 14-15].
Les deux logis paraissent avoir été construits en trois phases. La façade nord sur le cloître du logis ouest présente un premier niveau d’appareil réticulé roman, voire pré-roman (Xe siècle ?) (orange), un deuxième niveau de petits moellons calcaires plus irréguliers (XIIe siècle ?) (vert) et enfin un troisième niveau de moyen appareil calcaire aux angles arrondis (XIIIe ou XIVe siècles) (rose). Une porte romane percée dans le mur du cloître, et obstruée par la suite, prouve que ces espaces étaient en relation aux XIIe et XIIIe siècles [Base POP, IA00112015, p. 33]. Le mur a été fortement remanié à la fin du XVe siècle, comme en attestent le style des baies qui le percent. Une Demi-croisée gothique et le conduit de cheminée interrompent une corniche en quart-de-rond. La demi-Croisée, moulurée d’une succession de cavets et de baguettes qui retombent sur des bases prismatiques, aux angles arrondis, est surmonté d’un gâble armorié [Gaugain, 2011, vol. I, p. 398].
Sur le pignon ouest, une autre demie-croisée similaire interrompt également la corniche. À sa gauche, une baie couverte d’un arc en Accolade semble également avoir été percée dans des maçonneries des XIIIe-XIVe siècles [Base POP, IA00112015, p. 27].
La façade nord du logis oriental donnant sur le cloître présente une baie couverte d’un arc en accolade de la fin du XVe siècle qui prend place dans un mur de petits moellons (XIIe siècle ?) surhaussé d’un mur en moyen appareil de pierre de taille (XIIIe ou XIVe siècles) [Base POP, IA00112015, p. 104].
Autrefois distincts, ces deux logis furent réunis à la fin du XVe siècle [Base POP, IA00112015, p. 2]. Le percement des baies gothiques et la construction d’une galerie en sont les plus tangibles témoignages. Les restaurations de la seconde moitié du XXe siècle ont désormais masqué sous un enduit un grande part des parements. Au deuxième niveau, ont été rouvertes trois croisées murées dont ils subsistaient les culots supportant les larmiers à retour, les encadrements à baguettes croisées aux angles ainsi que les meneaux et les traverses.
La galerie est éclairée par trois croisées ordonnancées donnant sur le cloître et par trois fenêtres donnant sur la cour, mais à l’origine, il s’agissait bien d’un véritable portique ouvert, reliant les deux logis. La façade sur cour de la galerie, en pan de bois, est animée de panneaux de croix de Saint-André. Aujourd’hui caché sous un enduit, le hourdis de briques était disposé en épis. Les larges arcades retombant sur des poteaux corniers sculptés de figures attestent également des dispositions originelles du portique et de la galerie.
Au deuxième niveau, la façade sur cour du logis oriental dispose d’une croisée et d’une demi-croisée insérées dans un parement antérieur (XIIIe-XIVe siècles ?). Leurs encadrements reçoivent des baguettes croisées retombant sur des bases prismatiques caractéristiques de la fin du XVe siècle [Gaugain, 2011, vol. I, p. 398], qui apparaissent sur des photographies antérieures aux restaurations.
La façade sur rue fut quant à elle reconstruite au XVIIIe siècle et les aménagements à l’étage (une grande salle avec deux chambres à alcôves) sont contemporains de cette reconstruction [Base POP, IA00112015, p. 2]. L’escalier hors-œuvre en vis maçonné en pierre jusqu’au premier étage du logis oriental date probablement du XIIIe ou XIVe siècle [Base POP, IA00112015, p. 2]. II ne devait pas aller au-delà du premier étage puisqu’il masque aujourd’hui une baie trilobée du XIIIe ou XIVe siècles qui y prend place [Séraphin, 2002, p. 150-151]. Il fut rehaussé en bois peut-être au XVe siècle lors de la construction de la galerie et refait au début du XVIIIe siècle comme en témoignent les balustres à partir du premier étage. Au XVIIe siècle, les deux logis furent de nouveau séparés : le corps de logis ouest se dote de son propre escalier tournant en bois [Base POP, IA00112015, p. 2].
Bibliographie et source
Archives départementales d’Indre-et-Loire (AD 37), G. 381, Plan du cloître Saint-Martin, 1762, 50 x 70 cm.
Base POP, IA00112015.
Gaugain Lucie, Le château et la ville d’Amboise : architecture et société aux XVe et XVIe siècles, thèse d’Histoire de l’Art sous la direction d’Alain Salamagne, Université François Rabelais de Tours, [2011].
Guillaume Jean, Toulier Bernard, « Tissu urbain et types de demeures : le cas de Tours », dans Guillaume Jean, Boudon Françoise, Babelon Jean-Pierre et al., La maison de ville à la Renaissance : recherches sur l’habitat urbain en Europe aux XVe et XVIe siècles, actes du colloque tenu à Tours du 10 au 14 mai 1977, Paris, Picard, 1983, p. 9-24.
Séraphin Gilles, « Les fenêtres médiévales : état des lieux en Aquitaine et en Languedoc », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France (M.S.A.M.F.), hors série, 2002 (La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France), p. 145-201.