Tours, 79-81 rue Colbert
L’hôtel de la Bourdaisière, situé dans la Grand-Rue (actuel 77-79 et 81 rue Colbert), porte plusieurs noms en raison de confusions avec l’hôtel Babou de la Bourdaisière situé place Foire-le-Roi et avec l’hôtel de La Massequière/Massetière ayant appartenu aux Montbazon. La première confusion, avec l’hôtel Babou de la Bourdaisière, provient du fait que ces deux hôtels appartenaient à Philibert Babou de la Bourdaisière. La seconde, avec l’hôtel de La Massequière/Massetière, provient d’une erreur d’interprétation et de la reprise de celle-ci par différents auteurs [Logeais, 1870, p. 37].
Philibert Babou de la Bourdaisière donna son nom à l’hôtel. Par son mariage avec Marie Gaudin, il hérita de la fortune des Gaudin, dont plusieurs édifices dans la ville de Tours. Les demeures qu’il fit construire en même temps à Montlouis ainsi qu’à Tours place Foire-le-Roi et Grand-Rue, témoignent des faveurs croissantes dont il bénéficia. Ce notaire et secrétaire du roi obtint en 1524 la charge la plus rémunératrice de la cour : Surintendant des Finances. Ce fut donc à proximité de son hôtel situé à l’est de la place Foire-le-Roi qu’il fit construire un autre hôtel encore plus vaste. Grâce à un financement aisé, l’hôtel de la Bourdaisière fut rapidement construit entre 1523 et 1528 environ (possiblement par les frères François, peut-être déjà architectes de l’hôtel de la place Foire-le-Roi). Cet hôtel devait refléter la position de Philibert Babou auprès du roi, recevant luxueusement la famille royale et les grands personnages [Leveel, 2003, p. 130-131]. Philibert Babou reçut dans son hôtel les visites royales de François Ier le 21 janvier 1542, puis étant malade, son fils Jean Babou accueillit le roi Henri II en mars 1556. Après le décès de Jean Babou en 1559, son fils Georges I Babou, venait rarement dans son hôtel de la Bourdaisière mais le prince François d’Alençon y logea en 1576 [Leveel, 2003, p. 132]. En 1630, l’hôtel fut affecté au logis du Gouverneur de Touraine, dès lors appelé « l’Hôtel du Gouvernement » [Leveel, 2003, p. 137]. Transformé en maison d’arrêt vers 1770, l’hôtel fut vendu en 1821 à Pierre Mornand-Girard. Cet entrepreneur dans la destruction des monuments historiques et la revente de matériaux se chargea du démantèlement de l’hôtel [Leveel, 2003, p. 138-140].
Sur la Carte de la ville de Tours et de ses environs dressée en 1839, seul un parterre de l’ancien jardin du XVIIIe siècle subsiste. Disparu dans les bombardements de 1940, l’immeuble n° 79 de la rue Colbert, orné de termes, si l’on en croit des photographies anciennes, fut référencé comme une partie de l’ancien hôtel de la Bourdaisière, sans que l’on puisse vraiment évaluer la justesse de cette identification. La présence des termes et des baies cintrées indiquent une construction des années 1530-1540.
Si les traces matérielles de l’hôtel ont disparu, un plan de Tours vers 1786 et un plan de l’hôtel du Gouvernement daté du 2 janvier 1821 nous sont parvenus. L’entrée principale par la Grand-Rue se faisait par un passage ouvert dans un bâtiment indépendant qui donnait sur une cour. Puis se succédaient des corps de bâtiment regroupés autour d’une petite cour et d’un jardin, le tout formant un plan en U. Un passage venant de la rue du Cygne débouchait dans une cour enclavée derrière l’aile sud. Ces cinq corps de logis étaient desservis par des tours d’escaliers en vis.
D’après une photographie illustrant l’ouvrage Tours pittoresque, un pignon et une tour de l’hôtel subsistaient en 1899. Paul Vitry, conservateur, mentionne également ces vestiges encore visibles en 1924. La tour octogonale hors-œuvre était adossée au mur pignon percé par des demi-croisées accostées de pilastres renaissants, dont le style est datable des années 1520, période de construction de l’hôtel [Suzanne, p. 46-47 ; Vitry, 1924, p. 88].
Bibliographie
Base POP, IA00112013 et IVR24_19783700308XB.
Leveel Pierre, « L’ancien hôtel de La Bourdaisière ou du Gouvernement (XVIe-XIXe siècles) », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 49, 2003, p. 129-140.
Auvray Henri, « L’hôtel de la société archéologique ou Babou de La Bourdaisière ou du Dauphin », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 27, 1940, p. 441-479.
Logeais Martin, Histoire des rues de Tours d’après un manuscrit de Logeais appartenant à la Bibliothèque publique […], augmentée d’un nouveau plan général de la ville depuis l’annexion de Saint-Étienne, Tours, J. Grassien, 1870.
Suzanne Prosper, Tours pittoresque, Tours, Imprimerie tourangelle, 1899.
Vitry Paul, Tours et les châteaux de Touraine, Paris, H. Laurens, 1924.