Tours, 6-8 rue de l’Arbalète
Depuis le n°6 rue de l’Arbalète, on distingue l’hôtel dit maison de l’Arbalète, ou du moins une partie des hautes façades dissimulées sous un enduit posé postérieurement. La cour, fermée par un mur de clôture, offre un espace à l’abri des regards. Le corps de logis barlong orienté nord-sud et une aile en retour d’équerre prennent place le long de la cour. Autrefois au n°8 – aujourd’hui démoli pour laisser place au square Eugène Flandin – un édifice dépendait de la maison de l’Arbalète à l’ouest. Cette demeure du XIIIe ou du XIVe siècles conserve un décor de la première Renaissance relevant de remaniements du début XVIe siècle. Le portail d’entrée ouvre dans un mur de clôture couronné de créneaux, allusion aux fortifications seigneuriales. La porte d’entrée, couverte d’un arc surbaissé dont la clef est ornée d’ une console fortement érodée, est accostée de pilastres timbrés d’un losange et couronnés par un chapiteau supportant le fronton. D’autres pilastres accostent la fenêtre du premier étage de l’aile.
Sur une photographie ancienne apparaît la trace d’un important arrachement à droite de la façade du corps principal qui monte entre le premier et le deuxième étages. Si le rez-de-chaussée est masqué par une toiture qui est venue couvrir la cour manifestement dans le courant du XXe siècle, il reste possible que l’arrachement résulte de la destruction d’une ancienne tourelle d’escalier s’élevant jusqu’au deuxième étage. Le pignon de l’étage sous comble semble quant à lui être ajouté ultérieurement, comme en témoignent la corniche qui surmonte le deuxième étage et l’arrachement qui s’arrête à ce même niveau. Les baies murées sur la façade ouest sont les seules vestiges de l’édifice démoli au n°8. La façade ne présente aucune ordonnance et une dizaine de baies de styles différents. Si la majorité sont simplement de format rectangulaire vertical, on distingue des arcs formerets en partie basse, qui devaient constituer la retombée d’un voûtement – possiblement du cellier de plain pied –, une baie géminée et des baies couvertes d’un arc en plein cintre.
La maison de l’Arbalète communiquait avec l’église Sainte-Croix par des percements (porte murée et arc rampant visibles depuis le square) pratiqués dans les murs du croisillon nord. Une photographie et une description de Robert Ranjard témoignent des vestiges, aujourd’hui disparus, de cet édifice en ces termes :
« Une salle carrée, divisée en quatre travées voûtées sur croisées d’ogives de section rectangulaire avec angles abattus par un chanfrein. Les retombées se font au centre sur une colonne cylindrique sans chapiteau. Sous cette salle se trouvent deux étages de caves. La cave immédiatement sous-jacente est couverte de voûtes du même type ; la plus profonde est voûtée d’un berceau en plein cintre » [Ranjard, 1981, p. 80-81].
Ce type de voûte d’ogives à large chanfrein supportée par des colonnes avec une base prismatique s’observe dans des caves et celliers datés du XIIIe ou du XIVe siècles [Marot, 2019, p. 277].
Bibliographie
Base POP, PA00098177 et IA00112042
Marot Émeline, « Châteauneuf (Tours) : construction d’une identité urbaine aux Xe-XIIe siècles » dans Lorans Élisabeth, Rodier Xavier, Archéologie de l’espace urbain, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013, p. 269-285.
Ranjard Robert, La Touraine Archéologique, Mayenne, éd. Joseph Floch, 1981.