Hôtel Dunois

Localisation :

Tours, 15 rue Colbert

Dates :

première moitié du XVIe siècle

État du batiment :

Détruit

Hôtel de Dunois, Grand-Rue, Édouard Gatian de Clérambault, 1911, dessin extrait de Édouard Gatian de Clérambault, « Tours qui disparaît », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, T. V, 1912, pl. 38.
Crédits : Source gallica.bnf.fr / BnF

Cet hôtel prenait place au 15 rue Colbert, anciennement dans la Grand-Rue, avant d’être complètement détruit par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

Jean de Xaincoins, receveur général des finances sous Charles VII (1422-1461), fit construire son hôtel devant l’église Saint-Julien avant la seconde moitié du XVe siècle [AD37, H 506]. L’hôtel, avec ses jardins et dépendances, s’étendait de la rue Neuve (actuelle rue Favre) jusqu’à la rue Traversaine (actuelle rue Nationale). Son voisin, Jean Hardouin, trésorier de France, fut aussi son juge lors de son procès le 1er juillet 1450 [Chevalier, 1975, p. 377]. Cet hôtel fut confisqué avec l’ensemble de ses biens à la suite de sa condamnation pour malversation. Il fut offert par le roi à Jean de Dunois et porta par la suite son nom [Contamine, 2017, p. 329]. En 1468, son nouveau propriétaire transforma le jardin en quatre lots rectangulaires [Chevalier, 1975, p. 379]. Les quatre maisons situées dans la rue Traversaine furent louées sous condition de faire une allée d’environ 3m qui communiquerait avec l’hôtel Dunois [AD37, D3].

 

Extrait retouché du Terrier sommier du fief de la châtellenie du corps ou chef de l’abbaye de Saint-Julien, 1761, Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, H 528, f°597.
Crédits : © Archives départementales d’Indre-et-Loire. Adobe © Ophélie Delarue.

 

Louise de Savoie, mère de François Ier, acquit l’hôtel en 1517. Par lettres patentes du 14 février 1518, elle fit don de l’hôtel de Dunois à Jacques de Beaune, qui cherchait alors à agrandir son hôtel [AD37, D3]. L’histoire de cet hôtel se répéta. Jouissant un temps des faveurs de la reine, la disgrâce survint quand Jacques de Beaune se vit accuser de malversation par cette dernière. Après son exécution le 12 août 1527, ses biens furent saisis ; mais sa femme, Jeanne Ruzé, réclama que soit exclu de cette saisie l’hôtel Dunois, ce qui fut accepté. Par acquisition aux descendants de Guillaume de Beaune (fils de Jeanne Ruzé) et de Bonne Cotterrau, sa femme, les Jésuites y établirent leur collège en 1634 et construisirent une chapelle [Pérée, 1979, p. 11-13 ; AD 3 ; Spont, 1895, p. 271].

 

Plan d’implantation de l’hôtel de Beaune-Semblançay, de l’hôtel de Dunois et de l’ancienne chapelle du couvent des Jésuites : état du bâti détruit et existant, Anonyme, août 1941, plan, Tours, Archives municipales, 2 R Monuments historiques, S 3174.
Crédits : Photo © Région Centre-Val de Loire, Inventaire général, Pierre Thibaut, Inventaire général – IVR24_20103701860NUC2A, Adobe © Ophélie Delarue.

 

De l’aspect architectural de l’hôtel Dunois, nous en connaissons une partie grâce à des archives tardives. Le terrier de Saint-Julien dressé en 1761 et le plan de 1941 réalisé à la destruction de l’hôtel de Beaune donnent l’implantation de l’hôtel Dunois. Il prenait place au nord-est d’un jardin encadré au sud par la chapelle du collège des Jésuites et à l’ouest par l’hôtel de Beaune-Semblançay formant plus ou moins un plan en U. L’accès à l’hôtel Dunois se faisait par un portail situé sur la Grand-Rue qui donnait dans une cour où s’élevaient deux corps de bâtiment implantés selon un plan en T.  À la rencontre du corps de bâtiment longitudinal et celui en retour d’équerre, une tourelle d’escalier polygonale desservait les étages. Après le don en 1518, le corps de bâtiment longitudinal fut relié à l’hôtel de Beaune par une aile se développant sur trois niveaux (la « façade 1519 » de l’aile qui est indiquée sur la plan existe encore aujourd’hui). Selon le terrier de Saint-Julien, une grande salle de 16m sur 8m environ puis une petite salle qui suivait, correspondaient sans doute à l’état d’origine. Pour le corps de bâtiment en retour d’équerre, les deux pièces du côté de la Grand-Rue n’en formaient qu’une à l’origine. La cuisine disposait d’un puits et d’une cheminée monumentale [Pérée, 1979, p. 11].  

 

 

Le dessin réalisé par Édouard Gatian de Clérambault en 1911 tout comme le cliché photographique de 1896, pris depuis la rue Colbert, présentent un édifice en pierre de taille prenant place dans une cour. Des bâtiments postérieurs avaient été élevés à l’est et à l’ouest. L’hôtel s’élevait sur trois niveaux composés d’un étage carré et d’un comble éclairé par une Lucarne à pignon. Au premier étage du corps de bâtiment en retour d’équerre, la Croisée surmontée d’un larmier porté par des culots présentait une mouluration gothique. Ces deux corps de bâtiments étaient flanqués d’une tourelle polygonale hors-œuvre, qui apparaît bien sur les plans. L’escalier était couronné d’une voûte d’ogives dont vraisemblablement la clef à fleur de lys présentait les armes de Dunois. Les culots, sur lesquels reposaient les huit nervures prismatiques de la voûte, représentaient des angelots, animaux et feuillages. Ces sculptures sont déposées au musée de la Société archéologique de Touraine¹

 

 

Les moulurations gothiques des baies et le décor sculpté de l’escalier reflétaient le style de la première moitié du XVe siècle, ce qui correspond bien avec l’histoire de l’édifice. En 1450, lorsque les biens de Jean de Xaincoing sont saisis, il est précisé qu’il « auroit fait bâtir une grande maison lors possédée par Mgr le comte de Dunois » [AD37, H 506] [Pérée, 1979, p. 12-13]. 

 


Notes de bas de page

¹ Seuls 5 des 8 culots sont identifiés sous les numéros 21, 22, 23, 50 et 51 du catalogue Corbineau (Musée de l’Hôtel Goüin) [Toulier, 1980, p. 81].


 

Bibliographie et sources

Archives départementales d’Indre-et-Loire, D3.
Archives départementales d’Indre-et-Loire, H 528, plan terrier de Saint-Julien de Tours (XVIIIe siècle).
Base POP, IA00071270.
Chevalier Bernard, Tours, ville royale (1356-1520). Origine et développement d’une capitale à la fin du Moyen Age, Louvain et Paris, Vander-Nauwelaerts (Publications de la Sorbonne. N. S. Recherches, 14 Université de Paris-IV), 1975.
Contamine Philippe, « Chapitre X. Trois procès », dans Contamine Philippe (dir.), Charles VII. Une vie, une politique, Paris, Perrin, « Biographies », 2017, p. 329-365.
Gatian de Clérambault Édouard, « Tours qui disparaît », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, T. 5, 1912.
Îlot G – Inventaire Général du Patrimoine Culturel (centre-valdeloire.fr)
Pérée Marie-Françoise, L’hôtel de Beaune et les hôtels de la seconde moitié du XVe siècle et du XVIe siècle à Tours, mémoire de maîtrise d’Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1979].
Spont Alfred, Semblançay (?-1527). La bourgeoisie financière au début du XVIe siècle, par Alfred Spont, Hachette, Paris, 1895, p. 556-562.
Toulier Bernard, « Les hôtels », dans Toulier Bernard (commissaire), L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, Mémoire de la Société archéologique de Touraine, série 4°, T. X, 1980, p. 81-94.


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