Numérotation : baie 119 (façade du bras nord du transept, triforium) ; baie 137 (façade ouest, triforium) ; baie 237 (façade ouest, galerie sous rose)
Des vitraux du XVe siècle, qui ornaient la Nef et la façade occidentale de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, ne subsistent qu’un ensemble hétérogène de panneaux conservés pour une grande partie dans d’autres baies de l’édifice. En effet, si la rose ouest et ses huit lancettes sont encore à leur emplacement initial, à l’instar d’une série de têtes de lancettes au décor fleuri qui orne le triforium sud de la nef, les verrières du haut Vaisseau réalisées entre les années 1440 et 1460 – représentant des commanditaires accompagnés de leurs saints patrons –, ne sont plus en place. Vingt d’entre elles ont été remployées au milieu du XIXe siècle sur les façades ouest et nord et d’autres furent replacées à l’état de fragments dans le triforium de la nef. Restaurés entre 1911 et 1918 par l’atelier tourangeau de Lucien-Ernest Fournier, les vitraux furent déposés et mis en caisse durant la Seconde Guerre mondiale puis remontés entre 1947 et 1951. Ils ont depuis fait l’objet de deux campagnes de restauration menées dans les années 1990 puis entre 2002 et 2005 [Charron, 2019, p. 203-205]
Les vitraux désormais conservés sous la rose du bras nord du transept appartiennent à deux ensembles distincts. Les huit lancettes de droite ont été offertes par Louis de Bourbon-Vendôme (1376-1446), figuré agenouillé avec ses enfants et ses deux épouses successives devant la Vierge à l’Enfant et les saints Martin, Louis et Georges. Les quatre autres relèvent d’une commande de Jean Bernard, archevêque de Tours (1441-1466), représenté en prière devant la Vierge à l’Enfant, et sont accompagnés par sept membres de la famille de ce dernier. Les panneaux replacés dans les baies du triforium de la façade occidentale furent offerts à la cathédrale par Bertrand de Beauvau (v. 1382-1474), baron de Précigné, capitaine du château d’Angers, conseiller du roi Charles VII, puis de René d’Anjou. Le donateur et sa famille sont en prière devant un Christ ressuscité qui appartenait probablement à un Noli me tangere [Corpus vitrearum, p. 126]. La dernière baie, qui ne provient pas du même ensemble [Charron, 2019, p. 212], est occupée par un Christ soutenu par un ange devant une donatrice présentée par sainte Isabelle.
La rose héraldique et les lancettes de la façade ouest, encore en place, sont une donation de Guy XV de Laval et de son épouse Catherine d’Alençon vers 1460. Les huit baies sous rose présentent en leur centre la Vierge à l’Enfant et Jean-Baptiste entourés des saints Laurent, Denis, Jean l’Évangéliste, Martin, Martial et Nicolas.
La pose des vitraux de la nef et de la façade occidentale est venu conclure une importante campagne de travaux qui se déroula pendant la première moitié du XVe siècle. En 1430, la nef, qui avait été laissée en attente au début du XIVe siècle au niveau de la galerie [Boissonnot, p. 185], fut achevée et charpentée sous la direction de Jean de Dammartin et le portail central fut entièrement repris jusqu’au niveau de la rose. Son successeur Jean Papin fut chargé de voûter la nef et de rénover le Chœur [Rapin, 2003, p. 306].
Si le nom des artistes qui ont fourni les modèles des verrières ne sont pas connus, les œuvres conservées témoignent cependant de la qualité de la production des maîtres verriers tourangeaux et du dynamisme de la commande ecclésiastique et seigneuriale du milieu du XVe siècle. Les vitraux offerts par Jean Bernard peuvent être replacés dans un ensemble de commandes particulièrement prestigieuses. Son testament de 1463 témoigne ainsi de la commande à Jean Fouquet d’un tableau représentant l’Assomption (aujourd’hui perdu) destiné à l’église de Candes [Raulin, 1936, p. 324]. Un bas-relief conservé dans la chapelle du château de Valmer [Tours 1500, cat. 6] représente l’évêque avec l’un de ses frères, en prière devant une Vierge de Pitié dont la forme s’inspire de la Pietà de Nouans-les-Fontaine.
Bibliographie
Boissonnot Henri, Histoire et description de la cathédrale de Tours, Paris, Imprimerie Frazier-Soye, 1920.
Chancel-Bardelot Béatrice de, Charron Pascale, Girault Pierre-Gilles, Guillouët Jean-Marie (dir.), Tours 1500. Capitale des arts, catalogue d’exposition au musée des Beaux-Arts de Tours du 17 mars au 17 juin 2012, Paris, Somogy, 2012, cat. 14 (notice de Nathalie Frachon-Gielarek).
Charron, Pascale, « Les vitraux du XVe siècle », dans La cathédrale de Tours, actes du colloque de la DRAC Centre-Val de Loire (Tours, 18 octobre 2013), Tours, PUFR, 2019, p. 202-217.
Corpus vitrearum. Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, Paris, éditions du CNRS, 1981, p. 120-132.
Rapin Thomas, « La Cathédrale de Tours, la façade. Les campagnes du XVe siècle et le programme iconographique du portail central », dans Congrès archéologique de France, 155e session, 1997, Paris, Société française d’archéologie, 2003, p. 301-315.
Raulin Yves de, « Jean Fouquet, peintre de l’archevêque Jean de Bernard », dans Gazette des Beaux-Arts, 15, 1936-1, p. 321-344.